lundi 28 septembre 2020

La maison dieu

 De quoi a-t-on besoin?

De quoi est fait le monde?

Sous la tour deux êtres dansent la tête en bas

Sous la peau deux coeurs battent au même rythme

La maison est le temple

Le corps est la maison

Ce qui en haut s'en échappe

Pour nous n'a pas besoin de nom

Il est la fureur des larmes restées à l'intérieur

Il est l' énergie des rêves que l'on n'a pas contés

De quoi a-t-on besoin?

De quoi est fait le monde?

Du ici et de là-bas

du dedans et du dehors

du chaud et du froid

de ton corps et du mien .




La force

 La force, c'était peut-être de partir

alors que mes pieds ne vouaient pas quitter le sol

ni mes mains te lâcher.

La force, c'est celle qui me manque pour imaginer l'après 

sans tes yeux,

pour comprendre que j'attends des oiseaux 

qui ne reviendront pas

que j'entretiens dans mon coeur de vieux chants

qui ne seront repris par personne.


La force, elle a ce lion a côté d'elle 

et elle le promène comme un félin de compagnie, le plus cruel et le plus royal de tous ceux des histoires de rois.

La force, c'est une femme,

mais je sais bien que ce n 'est pas moi.

Je me tiendrais loin du lion, si j'étais elle, 

je me tiendrais loin des rois,

je me ferais un petit nid dans une petite cabane au fond des bois,

le soir venu j'en refermerais bien la porte et les volets, 

le soir venu je resterais seule pour pleurer 

parce que tu n'es plus là.




samedi 26 septembre 2020

Le chariot

Conducteur du soleil

il n'y a sous tes pas que la terre, la terre et elle seule, solide et fière

il n'y a dans tes prédictions que l'avenir au gout de vin puissant

pas de doutes sur le chemin à prendre, tu l'as déjà tracé pour nous

sinueux mais sans haltes, 

pas de retour sur nos pas, car la route derrière a disparu

et le sol devant toi a la couleur du feu,

de la pluie et du vent à la fois.






Le pendu

 A l'envers

    je danse

A l'endroit

    je me perds


A l'envers

    j'explore

A l'endroit

    j'épie


A l'envers

    je respire

A l'endroit

    je cherche mes appuis


A l'envers 

    je suis libre

A l'endroit

    je me rends





jeudi 24 septembre 2020

Le diable

 On dit

le diable est dans les détails.

et tout, autour de moi, 

Chante. 

Et j' observe

 les cailloux

et j'observe

 les feuilles des arbres

et j'observe

 la chute d'eau se rompre en petits éclats de mousse

Et je me dis

 le diable a, décidément,

de bien jolies couleurs.




mercredi 16 septembre 2020

La page blanche




Tu n'inventes rien, tu sais. Tout est déjà là. 
Tu te souviens, enfant, lorsqu'avec ton frère vous vous écriviez des messages à l'encre sympathique? Cette impression de faire de la magie ; et bien c'est la meme chose.
Tout est déjà là.
Ton travail n 'est pas de remplir, mais de révéler. Si tu te penches et observes la page d'assez près, tu les verras s'agiter, les mots. Les fantômes des histoires oubliées. Ils sont toujours là.

Il y a très longtemps, chaque feuille de papier était couverte de récits que les sages se transmettaient depuis le commencement, depuis des débuts si lointains que l'on ne se souvenait plus de leurs noms.
Aucune page n'était blanche, tout un chacun pouvait de saisir d'une d'elles et recomposer une histoire à partir de ce qu'elle contenait. Un réservoir à idées, un puit de mots auquel étancher sa soif.  Personne ne se sentait bloqué devant l' inconnu, il n'y avait alors que l'infini des possibles.

Avec le temps les mots se sont effacés et nos yeux ont désapprit à les voir, on ne sait plus dans quel ordre. Mais un souvenir, meme oublié, existe encore quelque part ; si ce n'est plus dans ta mémoire, il y aura toujours quelqu'un pour se rappeler s' etre assis sur ce banc avec toi, cette promenade un dimanche sur la plage, ce bouquet de bleuets dans ta main. Il y aura toujours des lieux pour retrouver ce que l'on croyait perdu.

Tu n'inventes rien, tu n'as qu'à te laisser guider, porter, bercer par la page blanche. Ton stylo et tes doigts comme outils pour retracer une route que tu connais déjà, tu l'as déjà prise, elle est très belle, tu verras. Tu vas t'en rappeler.

Au jardin

 

Je te sais plein d’ histoires et de secrets

 et de ces sentiers cachés dont nos pas se tiennent loin

 aléas des travaux et des efforts non faits. 

je te sais plus grand que ce que les yeux peuvent dire ;

 et bien plus complet qu’un simple nom sur une carte.

 Je te sais haut et fort tels les plus vieux arbres sur tes plus vieilles pierres ;

 je sais que les inconnus et les illustres ont parcourus tes allées, sans qu’ on n’ en sache rien.

 Je sais l’emplacement de l’arbre à secrets mais je ne sais pas qui le débarrasse de ses messages et quand, et je ne sais plus si moi- même j’en ai déjà déposés- n’est-il pas triste de ne plus se souvenir de mots d’amour ni de ses souhaits? 

Je te sais toujours accessible, poumon caché en bordure des anciens remparts, lieu de repos ou d’attente, les yeux en larmes ou bien plissés par le soleil.

 Je te sais vaste bien que petit et beaucoup plus intéressant que tous tes frères aux quatre coins du pays. 

En vérité, avouons - le, je te connais mal.

 Je te sais là, et cela me suffit.