mardi 15 décembre 2015

Push the sky away

En vrac :
quelques chats, quelques blattes et quelques rats, un mariage que l'on a survolé, effleuré et sans doute, manqué, des chants de noël en anglais pour se rappeler qu'ailleurs c'est l'hiver et le froid et le sapin que nous n'aurons pas dans notre salon cette année; la fin de la session de cours qui approche à grands pas et les étudiants qui vont nous manquer, c'est sûr, c'est comme ça et la chaleur qui ne diminue pas c'est bizarre vous saviez vous qu'on pouvait transpirer du genou? Quelque part dans un bar de cette rue qui ne ressemble tellement pas à Phnom Penh, un Elvis d'on ne sait où et son public minuscule, un autre bar, des français qui parlent trop fort, comme toujours, un resto indien dont l'indien fait la gueule, un resto japonais à ne plus pouvoir rien avaler de plus, un tour de bateau, le vélo toujours là, le temps qui prend son temps, voilà, on a dépassé 3 mois.
 
Pour me forcer à écrire, mettre Nick Cave et avec ça c'est sûr que la mélancolie ne partira pas mais la page blanche ça suffit, il faut se pousser parfois.
Je guette la phrase qui fera mouche, qui fera joli, qui fera "oh" sur les bouches.
 
"You grow old and you grow cold" et bientôt c'est mon tour et je ne sais pas si ça refroidit ou si ça réchauffe à l'intérieur, difficile à savoir sous 30 degrés, difficile à savoir
"Ne me secouez pas, je suis plein de larmes" cette phrase d'Henri Calet trouvée tout à l'heure en incipit du roman d'un autre auteur, alors que justement je venais de refermer un livre d'Henri Calvet, alors que justement trois jours auparavant je découvrais Henri Calet, quand déjà ai-je parlé de sérendipité?
Ne nous étonnons pas que ce soit cette phrase là qui m'ait sauté aux paupières, quand Noël approche, quand décembre est là et quand dans ma tête tourne en boucle la compagnie créole ("y'a pas de sapin sur la montagne - on a décoré les manguiers- y'a pas d'fumée dans les cheminées" etc)
 
Voilà, se forcer à réécrire et rouvrir les yeux sur les petits miracles du quotidien. Ils ne sont pas tous roses ni jolis mais ils sont importants.
Voilà, se forcer à réécrire et à écrire n'importe quoi, il y a aura bien du bon dans le tas.
Ne pas chercher la logique, ne pas chercher le beau, frôler l'écriture automatique, raconter du quotidien et donner des couleurs sans en dévoiler vraiment les finesses, mais si on sait lire entre les liens on en apprendra bien plus que dans un banal mail de nouvelles, garni de "au travail ça va mais c'est fatigant" et d'anecdotes sur la nourriture et les weekends.
;.
Pendant ce temps sur youtube Nick est descendu sur Jubilee Street et j'irais bien le rejoindre.
 
Phnom Penh - 22h15



dimanche 22 novembre 2015

Etre joyeux de ce qu'on est


Il y a l'angoisse de la page blanche associée à la boule logée dans mon ventre depuis une semaine (quand je disais que le plus important, c'est le ventre...) et l'envie de parler de Paris et l'envie de ne pas y penser en même temps, de ne pas en rajouter. Les analyses, les témoignages, les commentaires, les images qu'on nous met devant les yeux alors qu'on n'a rien demandé, les pleurs et les mots d'espoir, les amis qui vont bien mais pas tout à fait non plus, le sentiment de quelque chose en nous de cassé et ici à l'autre bout du monde, la tristesse x le nombre de kilomètres; tristes de sentir aussi loin et plus en sécurité. - si je pouvais je vous ramènerais tous auprès de moi, vous le savez, vous à qui je fais des déclarations d'amour par blog interposé - bref tout ceci suffit je crois.

Alors on parle de quoi?
De Phnom Penh qui va bien, merci, mais que je vois grossir à vue d'oeil, pays en développement qui en a bien l'intention, de se développer, et qui ne fait pas dans l'économie; de rien, entre le plastique, les 4x4, les immeubles toujours plus haut et le bruit toujours plus fort, la Corée et le Japon en modèle, l'unique écran télé publicitaire du boulevard Monivong comme un futur Time Square.

Du boulot et de ses aléas, des doutes et des plaisirs reçus chaque jour, on les met sur la balance, attention de quel côté penche-t-elle?

Du quotidien qui prend des allures de routine, oui même ici c'est possible et non cela ne correspond pas à l'idée que se font les autres, là-bas, là où il commence enfin à faire froid; de 12 mois au bout du monde mais c'est le problème avec les rêves, ils ne correspondent pas toujours avec la réalité et souvent il faut les ajuster.

Alors oui, on parle de quoi? J'étais à deux doigts de ne parler de rien, de ne pas remplir cette page blanche de blog qui, du coup, n'aurait même pas pris le sens d'une page blanche, elle n'aurait pas existé et personne ne s'en serait aperçu. Elle n'aurait manqué à personne. Magie de l'écriture numérique. Est-ce ou non une bonne chose? Je persiste à croire que le manque, lui aussi, est important.
Voilà nous étions à deux doigts du néant et puis soudainement, un tour sur internet, une bête vidéo qui tourne et ces mots à la fin, dis par un enfant, qui font echo et qui ne partent plus. Un rappel et une envie de le partager.

Etre joyeux de ce qu'on est.

Il n'y a pas besoin d'en dire plus.





lundi 9 novembre 2015

Kampot'n roll

De la nature, de la littérature et des concerts. (et des raviolis chinois).
Une des routes du bonheur...







 

"Ma vie s'écoulait comme une lente hémorragie. Elle se vidait de sa substance dans une espèce de fuite en avant. Chaque journée passée était pour moi comme un délabrement continu : une page envolée, une pièce perdue, un pétale fané, emporté au hasard des vents, sans retour... "
L'anarchiste, Soth Polin
 
 
 
 
 
 

jeudi 29 octobre 2015

when there is nothing left... there is always a cat

des idées qui passent par là, en ce moment il y en a beaucoup; certaines d'ailleurs contradictoire mais au final le temps gagne toujours et comme je n'en ai pas, elles restent au placard et les contradictions ne font que se heurter l'une à l'autre dans ma tête sans dommages collatéraux.
Bon.

C'est bizarre ce sentiment d'être en décalage avec le reste du monde; avec ces endroits où il fait froid et je rêve de gâteaux aux pommes  et de tasses de thé brûlant mais ici à quoi cela servirait n'est-ce pas?
Décalage aussi avec ce que les autres attendent de moi, avec ce qui comment où ils croient que je suis/fais/ressens et en fait rien de tout cela; du bruit, du chaud, du mille à l'heure, de l'agacement et des sourires pour surmonter , des remises en questions, des remises en jeu, des remises en rêve.

Les saisons vont changer et on devrait arriver, après celle des pluies, à la fameuse saison sèche. Je me demande si ici aussi l'air et les couleurs et le temps bougeront ou si tout restera immuable; comme collé dans la moiteur tropicale. Réponse bientôt, peut-être.

En attendant des aventures plus trépidantes, il ne reste qu'à aller au cinéma, emprunter toutes les Bd de la médiathèque, en apprendre plus sur les khmer rouges, réutiliser mes 4 mots de khmer, manger au resto végétarien, s'étonner avec mes élèves, chanter avec des américains, manger du crabe et photographier les chats.


dimanche 11 octobre 2015

23h au Vietnam

Ils ont pris le bus un peu comme on prendrait le dernier métro, parce qu'on n'a pas le choix, parce qu'il faut bien rentrer à un moment. Ils ont roulé un peu plus de six heures, entre le cahot des trous sur la route, les ponts à passer, les sourires aux policiers à forcer et les pâtisseries pour tenter de tromper le ventre. Au bout de tout ce temps là et même plus, ils ont aperçu le but enfin et là le temps s'est délité.
 
Entre deux fenêtres marrons gris sale, entre deux scooters lancés à toute vitesse, entre deux Pho ou quelque chose de semblable, entre deux lits doubles mais en fait triples, entre deux billets de Dong dont on ne maîtrise pas du tout la conversion, entre deux temples -tortues-dragons, entre deux postes frontières on cherche maladroitement un équilibre précaire, inutile au fond car déjà on repart dans l'autre sens et déjà tout oublier il faut pour se rappeler ce que l'on avait appris avant.
 
Au retour dans les rues de Phnom Penh c'est le vide et le calme des jours de Pchum Ben, la fête des morts, les portes closes, les rideaux baissés, les tuk tuk qui ne parlent même plus, le vélo le soir dans les rues sans personne, je me prends à rêver que ce soit toujours comme ça mais je ne sais pas si ce serait mieux, en fait. Toujours des si, toujours des mais, toujours des questions sans réponses et je le sais avant même de les poser.
 
Et dans les rues vides de Phnom Penh pour Pchum Ben, dans ce vide là qui laisse encore plus de place pour l'écho de ces questions creuses, pour la fête des morts, je suppose que je n'ai plus qu'à aller célébrer les miens.









lundi 28 septembre 2015

Prendre le vert à Konpong Cham

Un peu de vrac parce qu' en si peu de temps tellement de, de nouveaux, de beaux, de silence et de bruit, de crabes en laisse, de zébus en boîte de nuit, de Helloooooooooooo et de consonnes khmères mal prononcées, de maisons en bois sur pilotis, de glaise sur la route et sur la peau, de sacré à l'abandon et de précieux en quotidien banal.

Quitter la ville un peu, pas très loin, en trois jours tout oublier déjà, comment s'appellent nos rues, à quelle heure dormir-manger-se réveiller, comment communiquer quand on ne parle pas la même langue mais avec des efforts des deux côtés on réussit, presque.



Est-ce qu'on se passe de mots lorsqu'on ne veut pas décrire mais ressentir et comment dit-on quand on veut transmettre un ressenti? Ressentrir? ce n'est pas très joli, et je préfère lorsque c'est joli. On ne dit pas, on fait, voilà. On essaye. Le mieux après tout, c'est aussi de laisser aux autres la possibilité de le faire à notre place.



 






samedi 19 septembre 2015

Bitter sweet

Le temps, c'est bizarre, ça ne passe jamais comme il faut, jamais comme on veut, jamais comme on croit.

Plus d'une semaine ici et c'est à peine, c'est déjà, c'est si long parfois et on ne s'y reconnaît plus.


Les départs et les arrivées se ressemblent, je m'en rends compte petit à petit, comment font-elles (ils aussi) , celles que je rencontre qui font de ces arrivées/départs leur quotidien?
C'est nouveau mais c'est toujours, mais c'est encore, le même processus à suivre, les même questions à se poser, les mêmes bleus au coeur quand survient le Heimweh et la même chaleur dans les yeux quand ici vous sourit.



"Bitter sweet", c'est une expression que j'aime, c'est une expression adéquate, c'est doux et amer à la fois mais ce n'est jamais fade, après tout c'est peut-être pas plus mal.





 

 
 
et grâce à Internet, retomber sur Roal Dahl