dimanche 1 mai 2016

partir du corps

Sur mon carnet un peu plus tôt, en pensant à cet espace là à remplir, j'ai écrit le mot corps et sous la pointe de mon stylo il ressemblait plutôt à coups.
 
J'écris "corps" et on lit "coups" et c'est un peu ça , cette lutte permanente entre le dehors et le dedans, entre ce que l'on montre et ce que l'on est, mais comme le dit si justement Nancy Huston, nous sommes aussi ça, aussi ce corps alors pourquoi tant le nier?
Etrange comme on y porte beaucoup d'attention, on le maquille, on le pare, on le modifie au grès du temps, des modes, de l'âge tout en passant les 3/4 du temps à affirmer que ce dehors là, ce n'est pas vraiment moi.
 
"la seule chose fiable, c'est le corps" ou quelque chose comme ça, prononcé par Vimala Pons un jour de radio, prononcé par une circassienne, elle s'y connaît. Hier en assistant à un spectacle de cirque -le premier spectacle en 7 mois, cela m'avait tellement manqué- j'ai repensé à cette phrase et à sa force contenue en de si petits mots. Le corps.
 
Où en suis je aujourd'hui avec le mien? Quelles en sont les limites, les forces , les points de confiance, les points de confidence? J'ai toujours aimé ce faux ami de l'anglais -confiance/confidence- ce lien entre deux choses qu'en français on donne à quelqu'un d'autre. Et à soi? Donner sa confiance à quelqu'un . Prendre confiance en soi. Si l'on prend, est-ce parce que quelqu'un nous le tend? Ou au contraire est-ce une chose posée là au hasard dont on peut se saisir à tout instant mais alors tout le monde pourrait aussi la prendre à notre place?
Peut-être que si l'on n'a pas confiance en soi, c'est simplement parce que quelqu'un d'autre et passé par là et l'a prise avant nous. Devrions nous partir à la recherche de ces personnes détentrices de nos confiances en nous?
 
 
Aujourd'hui avant ces mots et après il y a eu la vue sur riverside depuis ce café si peu cambodgien, les enfants des rues tous nus sur la rive, le ballet des tuktuk et des scooters, il y a eu des phrases en khmer prononcées avec hésitation et la confirmation dans le sourire de mon interlocuteur "why do you learn khmer? " comme si ça n'allait pas de soi, ici, d'apprendre le khmer. Il y a eu la pluie, forte et inattendue, les discussions sur la résilience des cambodgiens après les khmer rouges, les enfants qui jouent à la balle juste en bas, juste à côté, dans ma rue. Il y a eu cette heure sur le canapé gris dans ce décor blanc à attendre quelqu'un avec angoisse et envie, cette heure occupée à aligner les mots sur mon carnet. De la quiétude dans Phnom Penh, cela faisait longtemps, cela faisait du bien.
 
 
 
 
 
 

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