dimanche 23 octobre 2016

L'été - fin.


Il y a un temps après l'été. Un moment où le corps se prépare à déposer les armes, comme suivant les arbres et la course du soleil qui a décidé de passer moins souvent par ici. On a essayé de le tromper pendant plus d'un an, à coup de chaleur tropicale, de paysages toujours verts et de fruits exotiques, mais au fond la chute lente et longue s'opérait tout de même. Et de se sentir encore plus coupable de cette tristesse là émergeant dans l'été qui ne finit pas.

Comment font ces corps à qui l'ont impose une saison continue? Je me posais tant de fois la question alors que le mien évoluait tant bien que mal dans la moiteur quotidienne, incessante. C'est aussi cet été là que j'ai quitté, réalisant sur le tard que l'été s'il n'est pas coupé par l'automne, éparpillé par l'hiver, ébauché par le printemps, n'existe tout simplement pas. L'été en continu n'existe pas. C'est autre chose qui s'y joue 365 jours par an. Une autre saison, d'autres mots dont la langue française n'a pas connaissance et dont le corps français non plus. Il faut oublier ses repères pour s'en forger de nouveau, accepter de ne plus suivre de boussole pour se perdre et retrouver un chemin. Une des choses difficiles à accepter dans le départ; oublier des réflexes si intimes qu'ils respirent avec chaque pulsation du cœur.

Je retrouve l'Europe, je retrouve les saisons. Le ciel de Marseille se noircit, à loisirs de nuages de pluie ou de nuit dans laquelle il faut se lever pour partir travailler, comme tous ces autres. Le temps, s'il est toujours trop court, laisse avec lui de petits souffles de rien dans lesquels je perçois ici l'arrivée de l'automne, là celle de l'hiver déjà à nos portes. Il serait trop simple désormais de rêver au printemps, trop facile de se laisser porter par la promesse d'un "tout y ira mieux". Dans le froid mordant du matin, à vélo tant bien  que mal enrobée de Mistral, dans la décrue du jour qui n'inonde plus le salon comme avant mais court se cacher derrière les immeubles parce qu'il n'a déjà plus le temps, dans les pommes à foisons sur les étals en parfum de cuisine pour se remémorer les bonnes choses, celle qui réconfortent le ventre, dans la monotonie de la ville, qui sans son soleil et ses vagues dorées perd un peu de son mordant, de son sens, dans chaque geste et avec chaque respiration j'essaye de retenir le défilé des saisons, car aussi vite qu'il passe passe le temps qui l'accompagne. Les secondes n'ont jamais été aussi brèves et je m'endors enroulée dans des rêves aux contours indécis.

en bande son

à Sète, Max Ernst et ses fleurs-coquillages




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