lundi 16 janvier 2017

Aller - Retour

Au bal

Bris de glace contre mon cœur
A la veillée des vieux amants
Je ne suis pas la plus assurée.
Il y a du lourd accroché aux murs
Et des bouquets pâles dans les vases
La galerie des portraits fait son travail de mémoire
Les passants n'ont plus qu'à choisir lequel.
Dans mon dos en vague sentiment de rancœur
Il y a le tien
Mais ton visage n'est pas net et je ne sais plus quel nom te donner.

Au coin du feu

Joue contre joue
Nous avons échangé des rêves sur les plis de nos oreillers respectifs.
Il n'y a pas assez de minutes pour écouler les paroles qui encombrent nos cœurs
Il n'y a que les flocons fondus sur le sombre de nos manteaux,
La tiédeur des cafés en enfilade des rues parisiennes.

Par la vitre du train point le soleil de janvier
Ne m'écoute pas si je te dis que je le déteste
Janvier n'est que mensonges.
Janvier n'est que promesses que personne ne tiendra, et simulacre de farandoles. Il a les couleurs des manteaux sur les trottoirs.

Nous reprendrons la route lorsque janvier sera passé. Il sera bien plus facile d'en entrevoir la lumière.




lundi 12 décembre 2016

record20161205174747

Retrouver un vieux texte, un projet avorté-pas terminé. Le relire, le redire, ne pas le corriger, l'enregistrer, bafouiller et ricocher sur des mots, des virgules, des silences mais le laisser tel quel, impulsion de l'écrit, impulsion de l'oral. C'est comme ça et voilà. Au final, ma voix pour presque 10 mn.
Vous êtes prévenus.


Record20161205174747




mardi 29 novembre 2016

Cartepoème de remerciements



2016 - Lumière de mi-novembre
Corps élancés sur la plage, en contre-jour.
Dans la fraîcheur de cette fin d'après-midi d'automne nous avons marché
Queue leu leu improvisée
Le long de la côte pastel

Au bout du chemin
Presqu'île et banc-radeau
De branche oublié là par une vague ou un géant.

17h et la nuit doucement tombe sur les silhouettes frêles de nos 30 ans.

C'est un anniversaire, c'est un chant choral de rires,
De murmures, de confidences.
Le soir avance vers nous à petit pas, tout comme la lune,
et nous ne pouvons qu' humblement nous incliner.

Remonter le sentier, enrobés de l'odeur du maquis,
Les chaussures blanches de sable blanc, les orteils
Bleus.
Le silence s'impose souvent sur la route, face à cette beauté-là, que dire?

Quelques ombres sur la plage de l'Escalet,
Presqu'île en point d'orgue d'un weekend de retrouvailles,
Les repas à 14 qui durent, les petits plats et les grands verres de vin,
la tropézienne sans fin;

Tout autour, en cocon,
Paysages du sud, de ce sud
Palmiers et rochers,
Rousses collines et verts pins parasols,
Routes sinueuses entre les vignes rosées.

30 ans, sommes nous définitivement passés du côté du verbe vieillir, alors que jusque là nous grandissions encore? ( dans nos corps certes plus, mais dans nos cœur, sans doute aucun). Il y avait là , en tous cas, quelque chose d'incertain mais de chaud, de contagieux, que nos mémoires désormais transformeront en moment à chérir. Il n'y en a jamais trop.








dimanche 23 octobre 2016

L'été - fin.


Il y a un temps après l'été. Un moment où le corps se prépare à déposer les armes, comme suivant les arbres et la course du soleil qui a décidé de passer moins souvent par ici. On a essayé de le tromper pendant plus d'un an, à coup de chaleur tropicale, de paysages toujours verts et de fruits exotiques, mais au fond la chute lente et longue s'opérait tout de même. Et de se sentir encore plus coupable de cette tristesse là émergeant dans l'été qui ne finit pas.

Comment font ces corps à qui l'ont impose une saison continue? Je me posais tant de fois la question alors que le mien évoluait tant bien que mal dans la moiteur quotidienne, incessante. C'est aussi cet été là que j'ai quitté, réalisant sur le tard que l'été s'il n'est pas coupé par l'automne, éparpillé par l'hiver, ébauché par le printemps, n'existe tout simplement pas. L'été en continu n'existe pas. C'est autre chose qui s'y joue 365 jours par an. Une autre saison, d'autres mots dont la langue française n'a pas connaissance et dont le corps français non plus. Il faut oublier ses repères pour s'en forger de nouveau, accepter de ne plus suivre de boussole pour se perdre et retrouver un chemin. Une des choses difficiles à accepter dans le départ; oublier des réflexes si intimes qu'ils respirent avec chaque pulsation du cœur.

Je retrouve l'Europe, je retrouve les saisons. Le ciel de Marseille se noircit, à loisirs de nuages de pluie ou de nuit dans laquelle il faut se lever pour partir travailler, comme tous ces autres. Le temps, s'il est toujours trop court, laisse avec lui de petits souffles de rien dans lesquels je perçois ici l'arrivée de l'automne, là celle de l'hiver déjà à nos portes. Il serait trop simple désormais de rêver au printemps, trop facile de se laisser porter par la promesse d'un "tout y ira mieux". Dans le froid mordant du matin, à vélo tant bien  que mal enrobée de Mistral, dans la décrue du jour qui n'inonde plus le salon comme avant mais court se cacher derrière les immeubles parce qu'il n'a déjà plus le temps, dans les pommes à foisons sur les étals en parfum de cuisine pour se remémorer les bonnes choses, celle qui réconfortent le ventre, dans la monotonie de la ville, qui sans son soleil et ses vagues dorées perd un peu de son mordant, de son sens, dans chaque geste et avec chaque respiration j'essaye de retenir le défilé des saisons, car aussi vite qu'il passe passe le temps qui l'accompagne. Les secondes n'ont jamais été aussi brèves et je m'endors enroulée dans des rêves aux contours indécis.

en bande son

à Sète, Max Ernst et ses fleurs-coquillages




mardi 2 août 2016

les champs des possibles

Parler italien pendant près de 3h, 10 mois plus tard je ne sais plus trop dans quel sens se forment les mots entre ma bouche et mon cerveau, Ci sono cose che ti mancherano in Cambodgia? oui la question je me la pose depuis depuis un moment,  oui la réponse est oui et très honnêtement je suis plutôt adepte de la  mélancolie alors c'est sûr que oui,  des textes sur le cambodge il y en aura, des mots pour sussurer  le manque, essayer d'esquisser ce que ces rues, ces bruits, des odeurs ont pu créer en moi et c'est comme ça que je le vois. On vous dira c'est une expérience, je rétorquerais bien non ce sont des traces, en moi indélébiles, si je devais faire ce tatouage après tout il serait bien plus compliqué que ce que je pensais. Il y a désormais tant de chemins à retracer.
Le champ des possibles. Toutes ces routes non suivies parce qu'à un moment on a dit non au lieu de oui. Était-ce la meilleure solution? Aujourd'hui dans l'escalier mon coeur a battu plus vite parce que 'IL était là prêt à être  croisé, son corps à frôler, l'espace de peu et en fait il a fait demi tour et mon coeur a stoppé net.  c'est bête, ai je pensé. Nous tenterons demain, à nouveau, moi tout du moins.

Je regarde rétrospectivement les pas qui m'ont menée jusque là. Je crois toujours en l'indéfectible signification du rien, du peu, du quotidien. Il y a bien une raison. Je cherche, je creuse, je sonde chaque parois de mon coeur, de mon cerveau, de mon ventre. J'essaye de savoir qui a raison. J'essaye de ne pas écouter celui qui me dit reste ni celui qui  dit part car aucun des deux ne sait le pouvoir de l'autre .je cherche la 3e voie. elle se fait attendre.

Dans mes nuits il y a des rêves, des rires et des chansons. Je songe souvent que ce serait bien mieux si je les chantais.
Phnom Penh voici la fin, la chute et je ne suis pas sûre que ce soit le bon chemin, mais quelqu'un l'a illuminé pour moi et j'ai tendance à faire confiance aux autres plutôt qu'à moi même. Un jour sans doute je m'en mordrais les doigts.

Parler italien pendant près de 3h me rappeler  que mes rêves étaient faits de cette langue et de cette mythologie, me rappeler qu'en rentrant je cherche aussi à m'y réfugier, que tout n'est pas perdu, que ma route ne s'arrêtera pas sur les pavés de Marseille..



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vendredi 8 juillet 2016

extraits nippons



-Sous les arcades de Kyoto j'avance d'un pas mesuré et les haut parleurs se chargent de jouer la B.O de ce film à double vitesse. Celle extérieure et celle de mon cerveau.

-Retour au Japon accueillie par des mots et des mains réconfortants, des mains qui se posent sur mes épaules "toi tu as le dos de quelqu'un qui n'a pas parlé" et c'est vrai, cela résonne en moi comme une évidence déjà avouée.

Je repense à cette autre phrase, lue cette fois, et qui ne parle pas de moi ou si peut être, et là aussi c'est exactement ça, mes organes résonnent trop fort aux sons des voix, des pensées, des non dits mais je ne cherche plus la fuite.

-Il y a ce corps dont on cache ou dévoile à loisir les aspérités et les secrets. Je suis ce corps, ces muscles tendus et cette peau sèche, je suis ce corps, je suis ce corps, comme un mantra.

-J'ai du temps à perdre et je n'aurais pas de regrets car en n'attendant rien on ne se déçoit pas.
Je ne peux pas épuiser la multitude, je ne peux pas décrire en une liste ce sentiment particulier d'être envahie sous une multitude de bruits, de choses, de sens et en même temps sentir grandir à l'intérieur de soi une paix bien appréciable.

-Faire des kilomètres autour de la terre, lorsqu'on ne sait plus pourquoi, on tente de trouver des signes.
Au musée d'art moderne, c'est Max Ernst qui m'attendait.
Découvrir une ville en en suivant le lit, celui de la rivière qui rythme au hasard les vies citadines. On est plutôt bien ici , c'est ce qu'on m'a dit hier et je veux bien le croire, cela se sent, cela s'infiltre en vous malgré les vêtements, malgré la carapace à émotions.
Si je devais fêter cet anniversaire, c'est sur ma peau que je graverais Athéna en symbole, gratter l'écorce jusqu'à sa sève et laisser transparaître au soleil les traces de la douleur, celle qui peu à peu s'amenuise mais comme tout coup trop dur laissera toujours sa marque. S'il le fallait j'afficherais publiquement l'enfant aux yeux de charbon, un oiseau noir au centre du coeur.

Entre devoir et vouloir la vie tranche parfois pour vous et si on lui fait un peu confiance elle suit la rivière dans le bon sens.
Il est 20h35 et il pleut doucement sur Kyoto, l'équilibre.





J'ai la beauté facile et c'est heureux.
Je glisse sur le toit des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J'aime le plus chinois aux nues
J'aime la plus nue aux écarts d'oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l'ombre qui descend des fenêtres profondes
Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux
Paul Eluard, La parole