écrire, murmurer , montrer, dire tout haut et penser tout bas, apprendre à faire des cocottes en papier, lancer des défis, tuer le temps , parler de Hambourg, de Phnom Penh et de tout le reste, se souvenir de choses et garder des traces d'autres.
vendredi 23 juin 2017
l'état des corps
Dure observation des corps, embrassades et frictions, caresses vs coups. A quel moment le peau contre peau devient-il de trop?
De quelle dose de proximité minimale avons-nous besoin pour vivre? tenir? durer?
La canicule c'est le meilleur moment sans doute pour mener cette observation-là. Corps tendus, corps montrés, corps mous sous le soleil brûlant, corps qui se pressent un peu moins vite et s'exposent plus facilement.
Passage en revue du corps- de ce qui le traverse.
Voix - voix qui l'habite, qui l'abîme peut-être. Voix bloquée et corps de même, nerfs à vifs et en colère, tête qui brûle, pique, tire.
Coeur qui bat et pupilles qui scintillent , coeur qui ralentit, ventre qui ne sait plus.
Paupières humides souvent, inondées parfois.
Bouche qui se meut, qui parle, chante, rit , bouche qui se ferme dans des espaces qu'on ne lui accorde pas, que le cerveau ne lui laisse pas prendre.
Souffle à l'intérieur qui rappelle si l'on va bien ou mal.
Interrogations jusqu'au bout des orteils.
Doigts: 10
Oreilles : 2
Cheveux blancs: -1. Faux messager de chute.
Utérus : on ne sait pas, il faut attendre les résultats.
Jambes : tiennent le coup malgré les étages et la chaleur.
Bilan : bien vivante.
dimanche 14 mai 2017
Summer is coming
Laisse
là les traces d'autres que ma route a croisés ;
et l'empreinte tout au fond
des larmes-lames.
Devant
il y a le jaune et le bleu des vagues.
Devant il y a -
tout ce dont nous avons besoin.
vendredi 5 mai 2017
Je suis l'âme errante.
Mexique, 1
Entre toi et moi tout
commence.
Traverser l'Atlantique
pour que reviennent des images de partout. J'ai passé le pont en
fermant les yeux sans vouloir connaître à l'avance les chemins de
l'autre côté. Quelqu'un m'y tendra-t-il la main ?
On part à l'aventure
parce que cela sonne bien. On a dans la tête quelques images, des
peintures de Frida Kahlo, des photos de guerilleros dont on ne
connait que le nom, une ou deux idées de rituels maya. Pas plus.
On part le cœur et le
ventre plein d'envies et de mystères, la faim au centre, l'espoir
dans la poitrine. On sait que de l'autre côté il y aura bien plus,
on sait qu'on ne sait pas on en tremble et c'est bien.
Il y a au hasard des rues
toujours un petit coin de joie, marchandes de fleurs à foison, jus
de fruits frais multicolores, soleil allongé sur les façades jaunes
bleues rouges.
Il y a de la musique,
beaucoup, pas toujours bonne mais convaincante.
Il y a des chiens. Tout
le temps.Gros, moyens, minuscules. El pais de los perros. Les chats
se cachent, s'inquiètent, se concertent certainement dans les cours
à nos yeux invisibles des maisons.
Il y a des airs de
Cambodge, d'Italie, d'Espagne et d'autres pays inconnus.
Les rêves sont faits ,
sans doutes, de beaucoup de devenir et de beaucoup de ce que l'on
aura à mettre de côté. Traverser l'Atlantique, prendre des bus et
des taxis, parcourir des routes dont on n'a aucune idée d'où elles
mènent et c'est très bien comme ça. La certitude au fond que ce
que l'on cherche, ce que l'on attend au bout du chemin c'est
simplement ce qui s'y trouvera.
Ne pas compter les
regrets du Mexique. Ne pas compter les revers ou les échecs,
attentes déçues et idoles déchues. Le voyage est ce qu'on en fait,
ce qu'on en retient, mais aussi, surtout, ce qu'on en rêve. Je t'ai
beaucoup rêvé Mexico. Je te raconte maintenant et les choses n'ont
pas tout à fait la même saveur.
Un récit de voyage c'est
la difficulté de trouver la ligne fine entre ce que l'on a vécu et
ce que l'on a rêvé. Funambulisme délicat. Un voyage c'est autant
le moment présent que l'avant. Et si l'on veut le dire aux autres,
il faut par honnêteté aussi leur raconter tout ce que l'on en a
souhaité.
Où cela a-t-il
commencé ? Je croyais que c'était un jour d'hiver berlinois,
au Martin Gropius Bau , découvrant les œuvres de Frida et laissant
petit à petit la lumière et les couleurs de Mexico s'immiscer à
travers le grau de Berlin, s'immiscer à travers ma peau et panser le
froid.
Cela a ensuite
certainement continué par des paroles dans les bouches des autres,
récits de vie de ce côté de l'Atlantique, noms inconnus sur les
offres d'emplois mal payées mais si attirantes. Dernièrement aenfin
il y avait eu cette sorte de confirmation, un concert ,la Tigrada,
découvrir que des Mexicains se déguisent en tigres pour défiler
une fois par an. Concert pour recoller un peu les morceaux de mon
cœur, toujours celui là, qui se brisait doucement devant les farces
du destin.
Je cherche où commence
le fil, toujours. Quels mots m'ont menée jusqu'ici? A la
bibliothèque de Mexico, comme dans les musées de Kyoto, c'est Ersnt
qui surgit. J'ai les pupilles en grand format. En réalité cela a
certainement commencé sur les bancs du lycée, le nez plongé dans
Breton « Je suis l'âme errante ». Et de ses errances à
lui, à elle, Nadja, lancée dans mes errances à moi.
D'un aller depuis
Marseille à un retour qui n'est pas celui-là. En France, je suis
encore en chemin pour ce que je ne sais pas.
Départ-Retour-Envol-Saut.
En rentrant j'ai sauté
à pieds joints dans le nuage dit « réalité » espérant
qu'il soit parsemé de petits bouts de rêves.
Il ne s'agit plus à
présent que de les collecter.
jeudi 30 mars 2017
Partir- Avant
Tengo, siempre tengo
Tu nombre sobre mis labios
Tu cara en la pupilas.
Me voy, a encontrar el país de los sueños
Con gran felicidad en corazón.
En esto lado del mundo
Estas tu.
Y si no puedo cruzar las fronteras,
La noche y el cielo
Con tus ojos, los verè.
Apprivoiser comme on peut une langue nouvelle...
mercredi 15 mars 2017
vendredi 17 février 2017
Juste la mer à boire
Eau salée entre deux -M-, Mexico qui m'appelle et Marseille qui me retient, le vent chaud de l'une contre les amarres de l'autre.
Eau salée qui revient parfois le long de mes joues, on ne les embrassera plus et cette idée est si saugrenue, je n'y crois pas.
Déjà il faut apprendre à oublier des terres reconnues de personne. L'oubli avant le regret. Une sage posture, dit-on.
Ce n'est que la mer à boire. Si nous la buvions à deux, peut-être se viderait-elle plus vite?
Mais la mer comme les larmes est salée, comme elles elle n'étanche pas la soif et ne te laissera que plus sec et saoul si par hasard tu te risquais à l'avaler. La mer comme les larmes est infinie et de fond nous n'apercevrons point. Moi je n'ai jamais touché le bout du bout des fonds marins.
A l'intérieur de nous aussi il y a la mer et son petit -m- se promène dans mes veines avec les autres plus grands, les -M- majuscules; je sens leur farandole sous ma peau. Je sens que la danse a commencé, elle suit celle de mon squelette -là-bas on s'y connaît bien, là-bas nous saurons déjà les pas, tu verras.
Viens, approche, ne t'effraie pas, ce n'est que de l'eau, de l'eau et du sel, de l'eau et du sang , ce n'est que l'océan entre nos continents d'os, l'océan et la mer, à boire ou à naviguer, ce n'est rien. Rien, tant que tranquilles nous dormirons. Les routes des rêves, tu sais, connaissent les raccourcis des possibles.
Pablo Neruda, Libro de las preguntas
lundi 16 janvier 2017
Aller - Retour
Au bal
Bris de glace contre mon cœur
A la veillée des vieux amants
Je ne suis pas la plus assurée.
Il y a du lourd accroché aux murs
Et des bouquets pâles dans les vases
La galerie des portraits fait son travail de mémoire
Les passants n'ont plus qu'à choisir lequel.
Dans mon dos en vague sentiment de rancœur
Il y a le tien
Mais ton visage n'est pas net et je ne sais plus quel nom te donner.
Au coin du feu
Joue contre joue
Nous avons échangé des rêves sur les plis de nos oreillers respectifs.
Il n'y a pas assez de minutes pour écouler les paroles qui encombrent nos cœurs
Il n'y a que les flocons fondus sur le sombre de nos manteaux,
La tiédeur des cafés en enfilade des rues parisiennes.
Par la vitre du train point le soleil de janvier
Ne m'écoute pas si je te dis que je le déteste
Janvier n'est que mensonges.
Janvier n'est que promesses que personne ne tiendra, et simulacre de farandoles. Il a les couleurs des manteaux sur les trottoirs.
Nous reprendrons la route lorsque janvier sera passé. Il sera bien plus facile d'en entrevoir la lumière.
Bris de glace contre mon cœur
A la veillée des vieux amants
Je ne suis pas la plus assurée.
Il y a du lourd accroché aux murs
Et des bouquets pâles dans les vases
La galerie des portraits fait son travail de mémoire
Les passants n'ont plus qu'à choisir lequel.
Dans mon dos en vague sentiment de rancœur
Il y a le tien
Mais ton visage n'est pas net et je ne sais plus quel nom te donner.
Au coin du feu
Joue contre joue
Nous avons échangé des rêves sur les plis de nos oreillers respectifs.
Il n'y a pas assez de minutes pour écouler les paroles qui encombrent nos cœurs
Il n'y a que les flocons fondus sur le sombre de nos manteaux,
La tiédeur des cafés en enfilade des rues parisiennes.
Par la vitre du train point le soleil de janvier
Ne m'écoute pas si je te dis que je le déteste
Janvier n'est que mensonges.
Janvier n'est que promesses que personne ne tiendra, et simulacre de farandoles. Il a les couleurs des manteaux sur les trottoirs.
Nous reprendrons la route lorsque janvier sera passé. Il sera bien plus facile d'en entrevoir la lumière.
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