dimanche 11 octobre 2015

23h au Vietnam

Ils ont pris le bus un peu comme on prendrait le dernier métro, parce qu'on n'a pas le choix, parce qu'il faut bien rentrer à un moment. Ils ont roulé un peu plus de six heures, entre le cahot des trous sur la route, les ponts à passer, les sourires aux policiers à forcer et les pâtisseries pour tenter de tromper le ventre. Au bout de tout ce temps là et même plus, ils ont aperçu le but enfin et là le temps s'est délité.
 
Entre deux fenêtres marrons gris sale, entre deux scooters lancés à toute vitesse, entre deux Pho ou quelque chose de semblable, entre deux lits doubles mais en fait triples, entre deux billets de Dong dont on ne maîtrise pas du tout la conversion, entre deux temples -tortues-dragons, entre deux postes frontières on cherche maladroitement un équilibre précaire, inutile au fond car déjà on repart dans l'autre sens et déjà tout oublier il faut pour se rappeler ce que l'on avait appris avant.
 
Au retour dans les rues de Phnom Penh c'est le vide et le calme des jours de Pchum Ben, la fête des morts, les portes closes, les rideaux baissés, les tuk tuk qui ne parlent même plus, le vélo le soir dans les rues sans personne, je me prends à rêver que ce soit toujours comme ça mais je ne sais pas si ce serait mieux, en fait. Toujours des si, toujours des mais, toujours des questions sans réponses et je le sais avant même de les poser.
 
Et dans les rues vides de Phnom Penh pour Pchum Ben, dans ce vide là qui laisse encore plus de place pour l'écho de ces questions creuses, pour la fête des morts, je suppose que je n'ai plus qu'à aller célébrer les miens.









2 commentaires:

  1. Célebrer l'entre deux au moment de la fête des morts, quoi de plus évident…
    Tu as une pensée du milieu comme diraient Deleuze et Guattari dans Mille plateaux. une pensée qui n'a ni commencement ni fin, qui refuse le pouvoir de la racine sur le reste de la plante. C'est un récit qui se défait de l'anecdote, une pensée nomade, à la cartographie incertaine, où le souvenir est oublié, pour le laisser revenir sous forme de rhizome, de tremblement, de vibration. L'image est par nature floue.

    Un abrazo
    Robert

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    1. Je vais aller me procurer ce Mille plateaux alors , ça semble nécessaire.

      Un abrazo aussi

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