mercredi 16 septembre 2020

La page blanche




Tu n'inventes rien, tu sais. Tout est déjà là. 
Tu te souviens, enfant, lorsqu'avec ton frère vous vous écriviez des messages à l'encre sympathique? Cette impression de faire de la magie ; et bien c'est la meme chose.
Tout est déjà là.
Ton travail n 'est pas de remplir, mais de révéler. Si tu te penches et observes la page d'assez près, tu les verras s'agiter, les mots. Les fantômes des histoires oubliées. Ils sont toujours là.

Il y a très longtemps, chaque feuille de papier était couverte de récits que les sages se transmettaient depuis le commencement, depuis des débuts si lointains que l'on ne se souvenait plus de leurs noms.
Aucune page n'était blanche, tout un chacun pouvait de saisir d'une d'elles et recomposer une histoire à partir de ce qu'elle contenait. Un réservoir à idées, un puit de mots auquel étancher sa soif.  Personne ne se sentait bloqué devant l' inconnu, il n'y avait alors que l'infini des possibles.

Avec le temps les mots se sont effacés et nos yeux ont désapprit à les voir, on ne sait plus dans quel ordre. Mais un souvenir, meme oublié, existe encore quelque part ; si ce n'est plus dans ta mémoire, il y aura toujours quelqu'un pour se rappeler s' etre assis sur ce banc avec toi, cette promenade un dimanche sur la plage, ce bouquet de bleuets dans ta main. Il y aura toujours des lieux pour retrouver ce que l'on croyait perdu.

Tu n'inventes rien, tu n'as qu'à te laisser guider, porter, bercer par la page blanche. Ton stylo et tes doigts comme outils pour retracer une route que tu connais déjà, tu l'as déjà prise, elle est très belle, tu verras. Tu vas t'en rappeler.

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