dimanche 28 septembre 2014

Un tour chez Emil

Partir pour un premier tour, presque jusqu'à la frontière du Danemark, et voir les paysages se mouvoir, le ciel s'agrandir, les couleurs se préciser.
Au hasard d'une petite ville -mais avec une grande école et plein d'envies et de projets pour apprendre le Français, alors que la France paraît si loin - croiser la route du peintre Emil Nolde et de sa dernière demeure, exactement là, à  cette limite qui me paraît si étrange de deux territoires différents, de deux pays. A partir de où exactement, de quelle ligne invisible n'est-on plus danois mais allemand? Et que dire  des pierres, des plantes, des ruisseaux qui se trouvent à cet endroit?
Emil Nolde est né allemand, dans le Land du Schleswig. La 1ère guerre mondiale fait de sa région natale une terre danoise. Par amour pour sa femme Ada, il en prend lui aussi la nationalité. Par amour pour ses origines allemandes, il finira sa vie un peu plus au sud de la frontière, dans leur maison de Seebüll. Sur place pour les visiteurs, quelques tableaux, quelques objets, mais surtout un jardin incroyablement fleuri, et la campagne autour, sur laquelle on ne peut s'empêcher de porter un autre regard, à la recherche des couleurs folles d'Emil Nolde.





dimanche 21 septembre 2014

Etwas gut für die Welt

Ces derniers jours ont été comme guidés par une même voix, traversés par le même souffle. Je crois que cela n'arrive pas souvent, ou que je n'y fais d'habitude pas assez attention. Sans doute la nouveauté, les habitudes à prendre, les rues à apprendre et les choses à renommer nous rendent plus alertes à ce qui fait le quotidien.

Cela a commencé par un documentaire "Moins, c'est mieux ?"  sur la nécessité des petites actions collectives pour vivre dans un monde que l'on veut meilleur. Cela a suivi 3 jours plus tard, par la réponse d'Alex, "garçon au pair" anglais à Hambourg, à qui je demandais ce qu'il voulait faire ensuite : "Etwas gut für die Welt" Quelque chose de bien pour le monde.
Le lendemain, à une lecture, j'écoutais Lionel Trouillot citer René Char et la "Bonne santé du malheur", nous exhorter à oeuvrer pour la bonne santé du bonheur, collectif de surcroit.
Enfin  un cours sur la laideur de l'architecture contemporaine , sur l'oubli volontaire de la beauté, sur les valeurs  libérales revendiquées à travers les bâtiments qui nous entourent, me rappelait de regarder encore mieux autour de moi. Ou pourquoi nous ne vivons plus dans le beau.

Chaque jour passé ici me renvoie à chacune de ces questions, chaque pas dans le métro, chaque nouvelle rencontre, chaque regard porté sur les gens croisés sur mon chemin.

Et toujours à l'intérieur, espérer le beau, le bon, le juste, et vouloir croire qu'à défaut d'autre chose, pour le moment, un sourire y contribue.

lundi 15 septembre 2014

Partout où il n'y aura rien, lisez que je vous aime



 

"J’écris sans voir. Je suis venu ; je voulais vous baiser la main et m’en retourner. Je m’en retournerai sans cette récompense ; mais ne serai-je pas assez récompensé si je vous ai montré combien je vous aime ? Il est neuf heures, je vous écris que je vous aime. Je veux du moins vous l’écrire ; mais je ne sais si la plume se prête à mon désir. Ne viendrez-vous point pour que je vous le dise et que je m’enfuie ? Adieu, ma Sophie, bonsoir ; votre cœur ne vous dit donc pas que je suis ici ? Voilà la première fois que j’écris dans les ténèbres : cette situation devrait m’inspirer des choses bien tendres. Je n’en éprouve qu’une : je ne saurais sortir d’ici. L’espoir de vous voir un moment m’y retient, et j’y continue de vous parler, sans savoir si j’y forme des caractères. Partout où il n’y aura rien, lisez que je vous aime."
 
Denis Diderot, Lettre à Sophie Volland

mardi 9 septembre 2014

nouveau(x) rythme(s)

Celui du chemin quotidien vers le bureau, du métro, 3 stations, 1 changement, 2 stations encore, quelques marches d'escalators, deux grandes rues à longer, deux étages à monter.

Celui de la rumeur de la ville, si différente à chaque quartier traversé, mouvement qui tangue du port et balancement tranquille de Sankt Pauli, palpitations rapides de Reeperbahn et souffle chaud de Planten un Blomen.

Celui surtout des langues dont on use et change et transforme, passer de l'allemand au français et croiser l'italien avec l'anglais, et tout mêler sans contraintes parce qu'au bout du compte il y a là le miracle pour se comprendre, pour s'entendre et faire résonner ensemble des sons qui jusque là ne cohabitaient pas. Le tout sans la moindre cacophonie.