jeudi 19 février 2015

Le temps de rattraper le temps perdu

Le temps de rattraper les lignes manquées et les actes tracés à la craie sur tableau noir, de dire adieu à des rêves de déjà grand, et pourtant on y a cru ; de laisser les moutons passer leurs barrières avec plus d'entrain, car enfin cette année est la leur ; de courir après les couleurs éparpillées dans le gris de la ville, à la nage ou vélo.
 
Il y a de longs couloirs sombres où ma tête s'est cognée 100 fois sans ne jamais apprendre la leçon ; il y a de grandes tours au dessus de mon ombre qui empêchent toujours le soleil de percer et il y a le bleu au delà du nuage aperçu dans le coin du rétroviseur.
 
Le temps perdu à choisir des oeufs, à gravir des montagnes, à manger du pain, à penser à Neruda avec le pain, à reprendre un œuf, à redescendre le chemin, à regarder la montagne, à surplomber les nuages, à surplomber le monde, à vouloir chanter plus fort, à vouloir susurrer plus de mots, à tenter de faire vibrer les cordes, à s'ennuyer, à s'épuiser, à se vomir, à se cacher du miroir, puis à s'adoucir, à chercher le beau, à chercher le clair, à penser à demain, à hier, au canard sur le lac et dans l'assiette, à lire Thomas Mann et l'Inde, à se remémorer,  à regretter, à ne plus savoir pourquoi, à ne plus savoir pour qui, à ne plus savoir si.
 
J'aime tout ce temps perdu à tout cela et quoi qu'il advienne, comme pour tenter de le retrouver, quoi qu'il advienne, c'est vers le sud que je cours.