Partir, revenir, rentrer
Marcher le long des sentiers familiers
Sentir le pavé sous le pas, l'odeur du jasmin au nez
Et se dire " on y est"
Enfin reconnaître les visages et les noms
Enfin reposer sa fatigue sur les nattes à l'ombre du figuier
Laisser l' ombre des feuilles nous caresser le dos
Laisser se dérouler les paroles hors de notre bouche
et s'enrouler à nouveau tout autour de son tronc
Donner à l' arbre ses histoires de contrées lointaines , de destinations perdues, de fortuites rencontres
Observer peu à peu les mots se loger au creux de chaque feuille, se blottir entre les bourgeons, s'endormir confiant dans les branches de l'arbre et ne faire plus qu' un avec lui.
Il faut rentrer oui, c' est certain
Frapper de nos pieds le sol qui nous a vu naître et qui nous a porté sur le début du chemin
Battre la cadence des kilomètres parcourus
Danser avec fièvre sur les roches ou le goudron
Mais danser aves ses soeurs et frères
Fêter la terre du pays, fêter ses fruits et appeler la pluie pour qu' elle en porte d'autres
Célébrer les récoltes et les moissons
Danser jusqu'à plus soif
Danser jusqu' à avoir faim
Et puis s' assoeir près de l' arbre
Chêne, bouleau, olivier ou troêne
Lui offrir nos récits de voyage, ne confier qu' à son oreille d'écorce les secrets du départ,
Laisser aller les mots;
Et s' émerveiller enfin, s'émerveiller encore,
Lorsau' au petit matin, dans la pâleur de l' aube et de ses promesses
Une enfant viendra les cueillir.