Un jour, tu m'as offert
un couteau.
Les gens se sont exclamés :
"Malheur à celui qui reçoit le couteau!"
Le même jour, je t'ai offert
un couteau.
Les gens se sont écriés :
"Malédiction pour celui qui reçoit le couteau!"
Et nous, nous avons sourit
et nous, nous avons rangé chacun le couteau dans notre poche
et nous l'avons utilisé, usé, aiguisé, refermé dans son tiroir
et nous avons continué nos vies
Nous nous sommes couchés dans le même lit, enlacés dans la cuisine au petit matin,
nous avons parcourus ces rues ensemble, les rues de notre quartier vers des moments gais et tranquilles.
Nous n'avons pas pensé au couteau.
Le printemps venu nous avons troqué nos lourds manteaux contre des draps légers et nous avons couru vers les eaux claires de ce lac qui depuis longtemps nous appelait.
Nous nous sommes réveillés l'un à côté de l'autre comme tant de matins et nous avons rit du soleil sur l'oreiller, rit du pain dans le four et des promesses sur nos mains.
Nous avons bu l'eau des rivières avec nos yeux et nos oreilles dans les montagnes vertes, nous avons pétri la farine et les oeufs des repas de fête, toujours le sourire aux lèvres et nous avons chanté plus fort lorsque la nuit tombait.
Un matin nous nous sommes réveillés pourtant dans des lits différents. Un matin tout était terminé.
Nous n'avons pas pensé au couteau.
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